Les exploits de Rocambole II by Ponson du Terrail

Les exploits de Rocambole II by Ponson du Terrail

Auteur:Ponson du Terrail
La langue: eng
Format: epub


XXI

Le cocher était tellement persuadé qu’il avait affaire à un hôte de la rue de Jérusalem qu’il avait répondu laconiquement et sans hésiter aux questions que venait de lui poser Rocambole.

Celui-ci continua :

– Ah ! vous les avez conduits rue de l’Église ?

– Oui.

– À quel numéro ?

– Au numéro 12.

– Et ils y sont restés ?

– Oui ; c’est là qu’on a descendu la malle.

– Avez-vous entendu quelque chose ?

– Le gros homme a dit au concierge : « Voilà ma mère, la veuve Brisedoux, qui arrive de Normandie. »

– C’est bien, dit Rocambole.

Il savait désormais tout ce qu’il voulait savoir. Et il ajouta en regardant le cocher :

– On verra si vous avez dit la vérité.

Muni des renseignements que le cocher venait de lui donner, Rocambole quitta Montmartre et s’en alla, dans ses habits d’occasion, prendre l’omnibus à la barrière Blanche, changea d’équipage à la Madeleine et prit celui qui conduit au Gros-Caillou. Il mit pied à terre aux environs de l’École militaire.

Il était alors complètement nuit et le gaz ne remplaçait, dans ce quartier désert, que très imparfaitement le soleil. La rue de l’Église, il y a quelques années seulement, était à peine bâtie. On y voyait des terrains vagues, clos de planches, des maisons en construction, d’autres encore inhabitées. Celle qui portait le numéro 12 avait trois étages. On lisait en grosses lettres sur la porte et sur un écriteau jaune :

Chambres et cabinets garnis à louer.

Rocambole n’hésita pas une minute. Il sonna. La porte s’ouvrit ; le concierge passa sa tête ornée de besicles à travers le carreau de sa loge et dit :

– Qui demandez-vous ?

– Pardon, répondit humblement Rocambole, c’est bien ici le numéro 12 ?

– Oui.

– Alors, c’est ici que m’envoie mon patron. Il se nomme Brisedoux, dit Rocambole à tout hasard.

– Ah ! très bien, dit le concierge, nous avons sa mère dans la maison.

– C’est bien cela ! mon patron m’envoie...

– Pour voir sa mère ?

– Oui, j’ai une petite commission à lui faire.

– Très bien ! je vais vous conduire.

– Ne vous dérangez pas, c’est point la peine ; où est-ce donc ?

– Au premier, chambre n° 2.

– Très bien. Merci.

Et le concierge sortit de sa loge pour éclairer un homme qui venait chez la veuve Brisedoux, une femme qui dans huit jours allait prendre possession de l’hôtel.

Rocambole monta lestement, trouva le numéro 2 et frappa.

– Entrez ! dit une voix à l’intérieur, la clef est sur la porte.

– Merci ! répéta Rocambole en adressant au concierge un profond salut, le salut d’un garçon épicier qui sait vivre et a du monde.

Le concierge redescendit.

Alors Rocambole tourna lestement la clef dans la serrure, la retira, et ferma la porte sur lui.

La veuve Fipart était au lit. Depuis qu’elle était rentière, la digne vieille pensait que la distinction vraie c’est le repos, et que se coucher tôt, se lever tard constituait la suprême élégance. Elle était donc au lit, bien qu’il ne fût que huit heures, et elle avait soufflé sa bougie.



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